LA CONSCIENCE DE SOI EN TANT QUE COMPÉTENCE EN THÉRAPIE ET AU QUOTIDIEN

La conscience de soi est l’un de ces sujets dans lesquels les enseignements occidentaux et orientaux se rencontrent. C’est un concept qui a attiré beaucoup d’attention bien qu’il y ait encore des variations dans les noms utilisés pour s’y référer, le concept en soit et les applications de ce terme dans différents contextes.

Depuis les années 1970, il y avait eu des efforts pour définir la conscience de soi, y compris l’idée qu’il s’agit de la capacité des individus à se concentrer sur le soi et/ou se concentrer sur les autres ou le monde extérieur. La concentration de soi pourrait impliquer l’attention dans le moment présent aux émotions, aux pensées et à la pensée, aux comportements et aux sensations physiques. D’autres l’avaient appelé le « l’observation de soi». Bien qu’il y ait différents facteurs qui peuvent affecter la capacité des gens à développer ou à maintenir la conscience de soi, les individus peuvent encore apprendre à devenir plus conscients d’eux-mêmes. Dans la vie quotidienne, la conscience de soi pourrait soutenir l’autorégulation dans l’interaction avec les autres et pourrait contribuer à l’autonomie et à la capacité de s’apaiser et de se calmer lorsqu’elle est déclenchée par des événements ou des personnes, et la possibilité de changer d’état. Il peut également aider à identifier ce qui se passe à l’interne, à reconnaître et à nommer les émotions, à les accepter, à comprendre comment le corps porte l’émotion qui la rend réelle. Le développement de compétences de conscience de soi pourrait être soutenu par des exercices de pleine conscience, y compris la respiration, les scans corporels, les promenades conscientes, l’alimentation intuitive et par l’ouverture et la curiosité pour se renseigner sur les expériences des individus afin de donner un sens à ce qui se passe à l’interne.

En thérapie, la conscience de soi du client et du thérapeute est essentielle à un processus thérapeutique efficace. Dans ce contexte, être conscient de soi pourrait aider les clients à explorer plus en profondeur leurs expériences internes, en obtenant plus d’informations sur les réactions, les croyances et les modèles. La conscience de soi a également été considérée comme un attribut clé des thérapeutes. Dans ce contexte, la conscience de soi a été désignée comme la connaissance et la perspicacité que les thérapeutes ont d’eux-mêmes, de leurs propres défis, de leurs renforcements et de leurs faiblesses ainsi que de leurs préjugés. La conscience de soi peut être développée et c’est une compétence qui peut faciliter à la fois l’alliance thérapeutique et les résultats thérapeutiques.

Bien qu’il y ait eu des efforts pour définir ses attributs, la conscience de soi peut être vécue différemment car c’est une façon très personnelle de se rapporter à soi-même, aux autres et au monde. La conscience de soi ne serait guère un état que les individus atteindraient et préserveraient longtemps. Cela pourrait être plus un instant, un moment d’attention consciente impliquant le corps, l’esprit et les émotions, ici et maintenant, qui peut être élargi avec la pratique. La présence dans le moment présent donne une qualité unique à la façon dont la vie peut être vécue. Cela pourrait donner un sentiment de contrôle parce qu’il ne s’agit pas du passé ou de l’avenir ; il ne s’agit que d’ici et maintenant. Cela pourrait aider les individus à s’ancrer dans un endroit où ils pourraient remettre en question les croyances et réécrire les récits de la vie. Il peut aider à briser les modèles développés dans le passé comme un moyen de faire face à la détresse, même si c’est seulement pour un moment. C’est une compétence ou une capacité qui pourrait ouvrir des opportunités de continuer à se connaître dans un processus d’actualisation de soi.

Myriam Hernandez est psychothérapeute autorisée au Centre pour les relations interpersonnelles (CFIR-CPRI). Myriam offre des services individuels aux adultes, aux couples, aux personnes de la communauté LGBTQ2 qui éprouvent un large éventail de difficultés liées aux troubles anxieux et de l’humeur, aux traumatismes, aux relations interpersonnelles, au deuil, à l’identité, au genre, au sexe et à la sexualité, ainsi qu’aux problématiques liées à la recherche de sens. Elle travaille à partir d’une approche humaniste et intègre des techniques thérapeutiques des théories psychodynamique, d’attachement, de relations d’objet, axées sur les émotions, de pleine conscience, cognitives-comportementales et de parties. Myriam a commencé sa pratique de méditation depuis son adolescence. Elle travaille avec ses clients au développement de compétences de conscience de soi pour soutenir le processus thérapeutique et les résultats.

Partie I : Traumatismes complexes et détresse relationnelle

Par: Katherine Van Meyl, M.A.

« Nous finissons toujours par avoir la même dispute. »

« Je deviens tellement en colère quand il ne m’écoute pas que je sens que je perds le contrôle! »

« Parfois, lorsque nous parlons, je m’évade dans ma tête et je pense à autre chose. »

« Quand je me sens comme ça, je la déteste, ce qui n’a pas de sens parce que je l’aime! »

J’ai remarqué que les gens entament une thérapie relationnelle lorsqu’ils se sentent « coincés », et qu’ils ont « la même dispute » de manière répétée avec leur(s) partenaire(s), ce qui leur procure un sentiment de colère, de ressentiment, de désespoir, de tristesse et de solitude. J’ai rencontré des gens vivre cela, quelle que soit la structure de leur relation (monogame, non monogame, kinky), leur identité de genre et/ou leur orientation sexuelle. Vous n’êtes pas seul·e! Cette situation est plus fréquente que vous ne le croyez.

En général, la situation que vous traversez est précipitée par quelque chose de réel. Par exemple, vous pouvez vous sentir rejeté·e et/ou en colère parce que votre partenaire vous a 

« coupé » la parole au cours d’une conversation. Lorsque vous essayez d’aborder la question avec votre partenaire, celle ou celui-ci se met sur la défensive (« ce n’était pas mon intention! »), ce qui vous met encore plus en colère. À la suite de cette expérience, vous pouvez ressentir le besoin de vous « échapper », vous renfermer sur vous-même ou vous laisser emporter par la colère à un tel point que vous menacez de mettre fin à la relation. La profondeur de vos émotions — c’est-à-dire la mesure dans laquelle vous les ressentez — est souvent le signe que quelque chose de plus complexe se trame. 

Là est la raison d’être de la thérapie : découvrir tous les aspects et les couches de ce qui se passe « sous la surface » dans nos relations et apprendre à différencier nos expériences passées de notre présent.

Si vous et/ou votre (vos) partenaire(s) vous reconnaissez dans ce qui est écrit ici, vous pourriez bénéficier de la thérapie de couple développementale pour traumas complexes (DCTCT). Ce traitement a été mis au point par la Dre Heather MacIntosh, C. Psych., pour aider les couples à faire face aux conséquences à long terme des traumatismes de l’enfance, notamment les traumatismes émotionnels, physiques et sexuels. Un grand nombre de clinicien·nes du CFIR-CPRI ont reçu une formation à cette approche.

L’objectif de la thérapie de couple développementale pour traumas complexes est d’aider les couples à apprendre à tolérer, comprendre et gérer leurs propres émotions et celles de leur partenaire, à comprendre le point de vue de l’autre et à être présent·es et engagé·es pour répondre aux besoins émotionnels et d’attachement de l’autre. 

Le traitement comporte quatre étapes. La 1re étape consiste à établir une relation avec le ou la thérapeute et à comprendre l’impact du traumatisme sur les relations, les styles d’attachement, la sexualité et la honte. Au cours de la 2ere étape, l’accent est mis sur le renforcement des compétences, en particulier les capacités de mentalisation et de maîtrise des émotions. Au cours de la 3e étape, la thérapie vise à comprendre comment vous et votre partenaire pouvez recréer certaines « scènes » traumatiques de l’enfance (les scénarios ci-dessus comportent probablement des éléments qui émanent d’expériences vécues pendant l’enfance). Sans la capacité de mentaliser et de maîtriser nos émotions, la 3e étape pourrait s’avérer trop difficile pour les couples. Enfin, à la 4e étape, l’apprentissage est consolidé et le traitement prend fin. Je vous en dirai plus à ce sujet dans un prochain billet de blogue! Ne manquez pas sa publication dans les prochaines semaines. 

Comme avec la plupart des modèles de traitement comportant des « étapes », les personnes en couple passent d’une étape à l’autre à leur rythme et selon leur gré tout au long du traitement. C’est normal! Ce modèle de traitement est un guide, mais chaque relation est différente et certaines étapes pourraient donc nécessiter plus de temps que d’autres.

Si vous et/ou votre ou vos partenaire(s) souhaitez en savoir plus sur les traumatismes, leur impact sur nos relations et la façon dont ils peuvent être traités, n’hésitez pas à me contacter.

Avec le bon accompagnement, il est possible de commencer à modifier ces schémas relationnels dans votre couple.

Katherine Van Meyl, M.A., est une thérapeute psychodynamique au Centre Pour les Relations Interpersonnelles. Katherine travaille avec des individus, des couples et des familles en prêtant une attention particulière à la détresse relationnelle, aux traumatismes et au SSPT. Katherine est supervisée par le Dr Dino Zuccarini, C. Psych. pour les adultes et les couples et par la Dre Lila Hakim, R. P., C. Psych. pour les familles. 

L’autocompassion, qu’est-ce que c’est?

Par: Natalie Guenette, R.P.

L’autocompassion c’est de reconnaitre la souffrance et la douleur que vous ressentez tout en vous offrant de la bienveillance. L’autocompassion c’est aussi ne pas se juger pour des erreurs et des imperfections, et accepter que cela fait partie de l’expérience humaine. S’offrir de la compassion c’est d’accepter ce qui vous rend humain plutôt que de résister aux obstacles et aux difficultés rencontrées. L’acceptation ne veut pas dire être en accord avec la souffrance ressentie, mais plutôt reconnaitre qu’elle fait partie de votre expérience émotionnelle actuelle. 

Les recherches ont montré une corrélation entre la résilience, la qualité de vie, l’estime de soi et la satisfaction au travail chez les participants qui se sont offerts de l’autocompassion. 

Kristin Neff, psychologue, propose trois éléments clés de l’autocompassion, soit la bienveillance envers soi-même, se connecter au sens d’humanité commune, et la pleine conscience (mindfulness). Être bienveillant signifie de vous offrir le même soutien que vous offririez à une autre personne, en plus d’accepter vos erreurs sans jugement. Le deuxième élément clé de l’autocompassion veut simplement dire de normaliser les difficultés et échecs que vous rencontrez et reconnaitre que cela fait partie de l’expérience humaine partagée par tous. Enfin, la pleine conscience est une pratique qui implique de prendre conscience du moment présent, de vos émotions et pensées tel qu’ils sont.

Les conseillers, psychothérapeutes et psychologues à CFIR sont disponibles pour vous accompagner à développer votre autocompassion et votre bien-être global. Contactez-nous pour prendre rendez-vous https://addme.cloud/form/cfir-intake.  

Naviguer les dynamiques interpersonnelles complexes durant la période des fêtes

Dr. Karine Côté, C.Psych.

Pour plusieurs, la période des fêtes est marquée par des beaux et mémorables moments. Toutefois, nous ne pouvons pas omettre que ce temps « magique » de l’année peut aussi être influencé par des stresseurs significatifs, tels que ressentir la pression de trouver des cadeaux, planifier et préparer des événements, se sentir obligé de voyager et de participer aux différents événements familiaux, des moments qui peuvent déclencher des sentiments d’isolement, tristesse et deuil… Même si nous pouvons ressentir une réelle partie de nous qui désire apprécier la saison des fêtes, nous pouvons aussi avoir une autre partie qui la redoute.

La saison des fêtes semble également avoir changée depuis les dernières années. La pandémie et ses divers impacts nous ont obligés à ralentir et à être plus créatifs dans nos façons de socialiser et de pratiquer les activités d’auto-soins. Elle a aussi apporté plusieurs formes de pertes et de deuils. À titre de psychologue clinicienne, je continue à soutenir mes clients à gérer leur déception et tristesse liée à la célébration des fêtes qui s’est transformée dans les dernières années. Je valide aussi mes clients qui ressentent du soulagement lorsqu’ils ne se sentent pas obligés à gérer les pressions des fêtes habituelles.

Une difficulté qui semble réapparaître maintenant que les contacts sociaux sont plus permis et attendus est l’obligation de faire face aux dynamiques interpersonnelles complexes. Que ce soit une relation difficile avec un parent, un membre de la fratrie, la belle-famille ou des amies, naviguer celle-ci peut être difficile. À travers mes lunettes cliniques, je considère que les fêtes peuvent représenter une excellente opportunité pour réfléchir sur ses besoins et limites, et considérer à s’ajuster dans notre façon de réagir dans nos dynamiques interpersonnelles plus tumultueuses, et peut-être même développer plus d’aisance dans celles-ci.

Réfléchir à vos idéaux

Les relations complexes sont souvent alimentées par des idéaux non remplis par l’autre (p.ex. votre parent, frère, sœur, amie, etc.). Lorsque l’autre dit ou réagit d’une façon qui déclenche de la tristesse, frustration ou déception, cette émotion est souvent liée à un besoin ou idéal qui n’est encore une fois pas rencontré.

Exemple : Lorsqu’une mère dit un commentaire négatif ou une critique, la colère et tristesse immédiates peuvent être liées à un besoin d’être validée ou valorisée par elle – et non seulement liées au commentaire comme tel. L’idéal d’avoir une mère qui est chaleureuse et validante et le besoin de valorisation n’est toujours pas rencontré.

Validez vos besoins et émotions 

Pour réguler les émotions liées à idéaux qui ne sont pas rencontrés ou respectés, il est important de les valider et de prendre soin du besoin sous-jacent. Il est normal de se sentir déçu dans un contexte relationnel insatisfaisant, mais nous pouvons également nous offrir ce dont nous avons besoin, comme la compassion, reconnaissance et motivation.

Exemple : La colère et la tristesse qui résultent des critiques reçues par la figure d’attachement sont normales. Le besoin de recevoir des encouragements et de la compassion est valide. Être capable de se valider dans nos émotions et besoins peut diminuer l’activation émotionnelle, et permet de rencontrer nos besoins de façon interne (p.ex. « Il est normal que je me sente comme ça, je peux reconnaître mes propres accomplissements »). 

Pratiquer la différentiation

La difficulté d’un proche à rencontrer nos besoins et idéaux est souvent liée à lui/elle, et pas entièrement à soi. En raison de leurs propres limites, expériences et besoins, ils peuvent parfois être limités dans leur habileté à rencontrer nos idéaux. Pratiquer la différentiation, ou reconnaître ce qui nous appartient et ce qui appartient à l’autre, peut aider à réguler les émotions négatives. 

Exemple : La mère tend à être très dure envers elle-même, et à avoir de la difficulté à célébrer ses victoires et sa valeur – ainsi, il est difficile pour elle de l’offrir aux autres. Sa tendance à critiquer les autres est liée à son auto-critique, et ne reflète pas la valeur ou les habiletés des autres.

Apprécier le positif qui existe dans la relation

Très souvent, ce n’est pas parce que certains besoins et idéaux ne sont pas rencontrés que toute la relation est négative. Après avoir valider ses propres émotions, identifier les besoins sous-jacents, et pratiquer la différentiation, il est plus facile de connecter avec les aspects positifs de l’interaction.

Exemple : Même si la mère exprime des critiques, elle est aussi chaleureuse d’autres façons, tels qu’en préparant des repas pour la famille, jouer avec les petits-enfants, appeler souvent, envoyer un cadeau personnalisé, etc. La critique peut certainement faire mal, mais ne représente pas nécessairement l’entièreté de la relation.

Affirmer vos besoins et limites

Parfois, affirmer ses besoins et limites peut être nécessaire pour maintenir une relation saine et pour connecter avec l’autre. Parler en « je » lorsque nous sommes calmes peut nous aider à recevoir ce dont nous avons besoin de l’interaction, et même offrir une opportunité de réparation.

Exemple : Affirmer que la critique reçue il y a quelques jours a fait mal et que des encouragements auraient été plus aidant peut potentiellement aider la mère à comprendre nos besoins et limites – et l’amener à réfléchir sur sa tendance à être très critique par rapport aux autres.

En résumé, naviguer des relations complexes peut être difficile – particulièrement pendant la saison des fêtes. Prendre le temps et l’espace pour refléter sur ses besoins et prendre soin de notre expérience interne peut avoir des impacts positifs sur notre bien-être, ainsi que sur la qualité de nos relations. Si vous avez besoin de soutien pour apprendre à mieux gérer les relations interpersonnelles complexes dans votre vie, les professionnels du CPRI sont disponibles pour vous soutenir et entamer un processus de réparation relationnelle. 

Dr. Karine Côté, C.Psych, est une psychologue au Centre pour les relations interpersonnelles (CPRI). Dr. Côté offre des services psychologiques aux adultes et couples qui vivent avec une diversité de difficultés psychologiques et relationnelles liées aux troubles de l’humeur et de l’anxiété, trauma, troubles alimentaires, perturbations de sommeil, et difficultés relationnelles. Elle travaille à partir d’une approche humaniste en intégrant des techniques thérapeutiques de la psychothérapie expérientielle et des relations d’objet, centrée sur les émotions (TCÉ) et cognitive-comportementale (TCC).