Devenir thérapeute: Une série de plusieurs articles

Cet article fait partie d’une série basée sur des expériences que j’ai vécues en tant que psychologue, patient ou simple observateur.

I – Écouter d’abord

Le BA en psychologie que j’avais suivi était essentiellement expérimental et théorique, et non clinique. C’est à ce moment-là, au début de la maitrise en psychologie, que nous avions envie d’apprendre à pratiquer la psychothérapie. Le tout premier cours de la première classe que nous avons suivi (psychologie clinique) a été une révélation pour les yeux (ou les oreilles ?).

Le professeur Josef Schubert, un professeur formidable, est entré dans la salle de classe avec un magnétophone. Il nous a regardés et sans préambule, il a demandé : « Qu’est-ce qui amène une personne à suivre une thérapie ? »

Un étudiant a répondu : « Un étudiant qui a déménagé d’une autre ville pour aller à l’université et qui ne se sent pas à l’aise ? »

Sans laisser le temps à quelqu’un d’autre de parler, Schubert a demandé : « Que dirait un thérapeute à un tel client ? »

Un autre étudiant a répondu : « Lui demander comment il s’adapte ? »

Schubert a dit que nous ferions un jeu de rôle. Il a demandé aux deux étudiants qui avaient répondu à ses questions précédentes de venir devant et de s’asseoir l’un en face de l’autre et il a assigné le rôle de client à l’étudiant qui avait répondu à la première question et le rôle de thérapeute a été assigné à l’autre étudiant.

Schubert a démarré l’enregistrement et les a laissé parler pendant environ une minute. Il a demandé ensuite aux deux participants de rester silencieux au début du débat et a  demandé au reste d’entre nous : « Que s’est-il passé ici ? »

Avec le recul, j’ai honte de dire que nous sommes arrivés avec des idées très vagues de ce que le client ressentait, ce qu’il voulait, de ce dont il avait réellement besoin, et à quel point le thérapeute avait été bon ou mauvais et d’autres commentaires de ce genre.

Schubert a levé la main et nous a arrêté d’un coup sec. Il a demandé à nouveau, en désignant les deux chaises vides : « Que s’est-il passé ici ? » La plupart d’entre nous sommes restés silencieux tandis que certains ont tenté des idées encore plus vagues que Schubert a coupé court. « Qu’ont-ils dit ? » De nouveau, il a coupé court ceux qui tentaient de reconstituer vaguement le dialogue. « Qu’ont-ils dit, exactement ? » a-t-il demandé. Nous en savions plus maintenant et nous sommes resté silencieux. Schubert a reconstitué le dialogue mot pour mot, puis il a fait écouter l’enregistrement. Il n’avait pas manqué un seul mot.

Nous étions fascinés, surpris, effrayés, dans l’attente. Schubert nous a ensuite expliqué qu’écouter signifie simplement cela, écouter, porter attention à tout ce qui est dit. Il a ensuite ajouté qu’il est également important de prendre compte des tons de voix, des signaux corporels, des pauses et autres signaux. Avant de nous renvoyer au cours suivant, il nous a dit que nous allions passer tout le semestre à apprendre à écouter.

Nous savions que le chemin à parcourir impliquait beaucoup de travail et en même temps, nous pensions que c’était une bonne idée de repartir de zéro. 

David Mibashan est titulaire d’un doctorat en psychologie clinique de l’Université d’Ottawa. Pendant près de 40 ans, il a travaillé en tant que psychologue avec des personnes qui se sentaient déprimées, anxieuses, au bord de l’épuisement professionnel ou tout simplement insatisfaites de certains aspects de leur vie. Avec ses clients, il a travaillé sur des traumatismes, le deuil, la douance, des handicaps, des questions d’immigration, entre autres. Il utilise une approche humaniste / existentielle intégrant des éléments du psychodrame, de la Gestalt et des approches systémiques. Il travaille en anglais, en français et en espagnol.

Co-création du changement : le rôle fondamental de l’alliance thérapeutique dans le counselling

Points clés :

  1. Alliance thérapeutique 
  2. Connexion thérapeutique 
  3. Boussole pour le changement 

Dans le domaine de la santé mentale, l’importance de l’alliance thérapeutique est essentielle. Elle peut être décrite comme la relation de confiance et de collaboration entre un client et un thérapeute qui constitue la fondation des résultats thérapeutiques réussis (Cuncic, 2023). Ce lien va au-delà de l’interaction professionnelle ; il s’agit d’un lien dynamique qui favorise un environnement où le développement personnel et le changement peuvent prospérer (Ardito & Rabellino, 2011).

Un aspect clé de cette alliance est le concept d’une bonne connexion thérapeutique. Tout comme chaque individu est unique, il en va de même pour ses besoins et ses préférences en thérapie. La bonne connexion thérapeutique est l’interaction entre un client et un thérapeute où les personnalités, les styles de communication et les approches thérapeutiques s’alignent. Comme un habit sur mesure, le bon ajustement garantit que le processus thérapeutique est non seulement efficace, mais aussi confortable pour le client.

Lorsque les clients ressentent une véritable connexion avec leurs thérapeutes, cela crée un espace sûr pour la vulnérabilité, l’authenticité et l’exploration de soi – ce qui est le plus grand indicateur de succès thérapeutique. Une distance, à l’inverse, peut entraver les progrès et laisser les clients se sentir non-entendus, insatisfaits ou incompris.

Les thérapeutes qui accordent la priorité à l’établissement d’une alliance thérapeutique solide font preuve d’empathie, de confiance, de respect, d’écoute active et d’un véritable engagement envers le bien-être de leurs clients. L’alliance thérapeutique n’est pas établie du jour au lendemain, mais alors que les clients naviguent dans le chemin souvent difficile de la découverte de soi et de la croissance, l’alliance thérapeutique devient la boussole qui les guide vers la guérison et la résilience. La recherche a montré que la qualité de l’alliance thérapeutique agit comme un prédicteur fiable de l’engagement thérapeutique positif, de la motivation et des résultats cliniques – indépendamment de l’approche psychothérapeutique utilisée (Ardito et al., 2011).

Essentiellement, l’alliance thérapeutique et la bonne connexion thérapeutique ne sont pas seulement des concepts abstraits ; ils sont le cœur et l’âme d’une thérapie efficace. En reconnaissant et en nourrissant cette alliance, les clients et les thérapeutes co-créent un espace de transformation où le changement et la croissance personnelle deviennent non seulement possibles, mais probables.

Les conseils pour améliorer votre expérience thérapeutique comprennent le fait de lui donner quelques séances avant de décider si l’alliance thérapeutique / connexion se sent bien, ne pas avoir peur de poser des questions sur le processus, s’assurer que vous vous sentez entendu, vu, compris et considéré, exprimer vos besoins, fournir des commentaires à votre thérapeute, réfléchir sur votre parcours thérapeutique, et garder les lignes de communication ouvertes sur vos objectifs et besoins changeants.

Natasha Vujovic, M.Psy, P.A., (Stagiaire) est une psychothérapeute autorisée (stagiaire) au CFIR-CPRI. Elle travaille avec des adultes et des couples anglophones qui éprouvent un large éventail de difficultés psychologiques et relationnelles, y compris l’anxiété et le stress, la dépression, régulation de l’humeur, le deuil, les conflits relationnels, les traumatismes, les transitions de vie, la personnalité, l’image corporelle, le mariage et le pré-mariage, les conflits internes, la dynamique familiale et l’estime de soi. Natasha est une thérapeute intégrative s’appuyant sur les théories psychodynamiques / analytiques et adopte une approche collaborative et honnête de la session.

Références:

Ardito, R. B., & Rabellino, D. (2011). Therapeutic alliance and outcome of psychotherapy: historical excursus, measurements, and prospects for research. Frontiers in Psychology, 2, 270. https://doi.org/10.3389/fpsyg.2011.00270

Cuncic, A. (2023, November 30). Why a Therapeutic Alliance Is Important in Therapy. Verywell Mind. https://www.verywellmind.com/the-therapeutic-alliance-2671571